
Jusqu’au bout du vol
Le 9 juin 1912, l’aviateur franco-suisse Albert Kimmerling trouve la mort dans un tragique accident d’avion à Mourmelon, marquant la fin prématurée d’une carrière prometteuse dans l’aviation naissante.
Né le 22 juin 1882 à Saint-Rambert-l’Île-Barbe (aujourd’hui intégré à Lyon), Albert Kimmerling est issu d’une famille de banquiers genevois jouissant de la double nationalité franco-suisse. Après des études au lycée Ampère de Lyon, il se passionne pour la mécanique et poursuit une formation dans ce domaine. Sportif accompli, il s’illustre dans les courses automobiles et le hockey sur glace, représentant le Sporting Club de Lyon. En 1907, il remporte le premier championnat de France de hockey sur glace, témoignant de son esprit compétitif.
En 1909, Kimmerling entame une carrière d’ingénieur mécanicien chez le constructeur automobile lyonnais Cottin & Desgouttes. La même année, il rejoint l’entreprise de Gabriel Voisin, pionnier de l’aviation. En seulement deux mois, sous la tutelle de figures comme Henri Farman et Léon Delagrange, il apprend à piloter à Mourmelon, où il est rapidement nommé pilote d’essai.
Le 14 décembre 1909, Kimmerling embarque pour Le Cap, en Afrique du Sud, avec un biplan Voisin. En 1910, il marque l’histoire en inaugurant l’aviation dans ce pays : il réalise les premiers décollages, effectue de nombreux vols pionniers et teste une hélice semi-métallique, une innovation pour l’époque. Ces exploits posent les bases de l’aéronautique sud-africaine.
De retour en France, Kimmerling est engagé le 19 octobre 1910 comme pilote par Roger Sommer, un constructeur aéronautique collaborant étroitement avec l’armée française. Il participe au meeting inaugural du champ d’aviation de Bron, près de Lyon, du 7 au 15 mai 1910, contribuant à la création de l’aéroport de Bron-Lyon. Audacieux et visionnaire, il prend la direction de l’École nationale d’aviation de Bron, où il forme de nombreux pilotes. Son engagement favorise l’essor de cet aéroport, aujourd’hui un site historique de l’aviation française.
Kimmerling s’implique également dans le développement de l’aviation militaire. À Bron, il forme des élèves-pilotes sur des appareils Sommer et participe aux grandes manœuvres militaires des Ardennes en 1911, renforçant le rôle de l’aviation dans les stratégies militaires.
Le 9 juin 1912, à Mourmelon, Kimmerling et l’ingénieur Tonnet perdent la vie lors d’un vol d’essai du monoplan Sommer Type E, conçu pour la course du Circuit d’Anjou prévue les 16 et 17 juin. Cet accident bouleverse Roger Sommer, qui perd deux collaborateurs précieux. Profondément affecté, Sommer décide de se retirer de l’aviation, et son écurie déclare forfait pour la course d’Anjou.
Albert Kimmerling est inhumé au cimetière de Bursinel, en Suisse. Sa tombe, ornée d’une sculpture réalisée par Henri Valette, perpétue le souvenir de ce pionnier. Malgré sa disparition prématurée à l’âge de 29 ans, Kimmerling laisse une empreinte durable dans l’histoire de l’aviation, tant par ses exploits techniques que par son rôle dans la formation des pilotes et le développement des infrastructures aéronautiques.
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© ExploraLyon – Le jeu de piste sur l’histoire de Lyon

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