
Religion officielle ?
Le 8 novembre 392, l’empereur Théodose Ier promulgue l’édit de Thessalonique (Cunctos populos, émis en 380) et d’autres décrets renforçant le christianisme comme religion officielle de l’Empire romain. Par ces mesures, il interdit progressivement les cultes païens, marquant un tournant décisif dans l’histoire religieuse et politique de l’Empire.
À Lugdunum : une nouvelle ère pour les chrétiens
À Lugdunum (aujourd’hui Lyon), les chrétiens ne sont plus contraints de participer aux pratiques religieuses traditionnelles, telles que les sacrifices aux dieux ou le culte impérial. Cette décision met fin à une longue période de tensions religieuses dans la ville qui est un centre important du christianisme en Gaule.
Un passé marqué par les persécutions
Au cours des trois siècles précédents, les chrétiens de Lugdunum avaient enduré plusieurs vagues de persécutions :
En 177 ap. J.-C., sous le règne de Marc Aurèle, une persécution particulièrement violente avait conduit à l’exécution de quarante-huit martyrs, parmi lesquels l’évêque Pothin, premier évêque connu de la ville, et Blandine, une esclave qui impressionna jusqu’à ses bourreaux par sa résistance aux supplices. Les exécutions publiques visaient à réaffirmer l’autorité romaine face à une communauté chrétienne perçue comme subversive. Une autre « Grande Persécution » débuté en 303 sous l’empereur Dioclétien avait cherché à éradiquer le christianisme par la destruction des lieux de culte, la confiscation des textes sacrés et l’obligation de sacrifier aux dieux païens. À Lugdunum, comme ailleurs, les chrétiens subirent des pressions intenses, bien que l’application des édits varia selon les régions et les gouverneurs.
L’édit de Milan : une première étape vers la tolérance
En 313, l’édit de Milan, promulgué par les co-empereurs Constantin Ier (r. 306-337) et Licinius (r. 308-324), marque un revirement. Cet accord garantit :
La liberté de culte pour les chrétiens et les autres religions, mettant fin aux persécutions systématiques.
La restitution des biens confisqués aux communautés chrétiennes, comme les lieux de culte ou les propriétés ecclésiastiques.
Bien que cet Édit ne fasse pas du christianisme une religion d’État, il pave la voie à son expansion et à son institutionnalisation.
Le contexte de l’édit de Théodose : un Empire en mutation
La proclamation de Théodose Ier en 392 s’inscrit dans un contexte de transformations majeures :
À l’aube des grandes invasions barbares et de la division de l’Empire entre Orient et Occident, Théodose semble chercher à cimenter l’unité impériale autour d’une religion commune. Le christianisme, en plein essor, offre une idéologie unificatrice face à la diversité des cultes païens et aux défis politiques. Elle préfigure le rôle central que l’Église jouera dans la préservation de l’héritage romain même après la chute de l’Empire d’Occident en 476. Les structures administratives romaines (diocèses, provinces), la culture classique (latin, rhétorique) et le droit romain seront en effet intégrés par l’Église qui deviendra un pilier de la civilisation occidentale.
Théodose Ier : le dernier empereur d’un Empire uni
Théodose Ier (379-395 ap J.-C.) est le dernier empereur à régner sur un Empire romain unifié. À sa mort en 395, l’Empire est définitivement scindé entre ses deux fils : Arcadius, l’aîné, hérite de l’Empire romain d’Orient, avec Constantinople comme capitale. Honorius, le cadet, reçoit l’Empire romain d’Occident, avec Milan comme capitale initiale, puis Ravenne à partir de 402. Cette division marque le début d’une divergence croissante entre les deux moitiés de l’Empire, l’Orient prospérant sous l’Empire byzantin tandis que l’Occident succombe aux invasions barbares au Ve siècle.
Une transition historique
La proclamation du christianisme comme religion officielle par Théodose Ier ne se limite pas à une réforme religieuse. Elle reflète une volonté de renforcer l’Empire face à des crises internes et externes, tout en posant les fondations d’une Europe médiévale profondément marquée par le christianisme. À Lugdunum, comme dans le reste de l’Empire, cette décision a transformé durablement la société, les institutions et la culture.
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❓QUIZZ : Combien d’empereurs romains sont nés dans l’actuelle France ?
✅ Réponse : 5 empereurs : Claude, Caracalla, Carus, Constantin II et Avitus.
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