
Assassinat du shérif
Le 3 juillet 1975, à 2h30 du matin le juge d’instruction François Renaud est assassiné montée de l’Observance alors qu’il rentre avec sa compagne d’une soirée chez des amis.
📌 Trois hommes cagoulés surgissent devant son domicile et l’abattent de plusieurs balles, dont deux dans le cou.
📌 C’est la première fois qu’un magistrat est assassiné depuis l’Occupation. Place forte du proxénétisme, des braquages, du racket et des règlements de compte, la ville de Lyon portait alors le surnom de « Chicago-sur-Rhône »…
📌 Né à Nancy en 1923, François Renaud avait grandi à Laives en Saône-et-Loire avant de commencer à Lyon des études de droit qui avaient été interrompues par la guerre. Il avait rejoint la Résistance pour échapper au STO en 1943 avant de continuer le combat dans l’armée en 1944 sous les ordres du général de Lattre-de-Tassigny.
📌 Il avait commencé sa carrière dans la magistrature dans les colonies avant d’arriver à Lyon en 1966. Reconnu par sa hiérarchie pour son efficacité dans le traitement de ses dossiers, il avait été nommé premier juge d’instruction au Palais de Justice fin 1972. La période était alors faste pour le grand banditisme et flics et voyous se croisaient beaucoup dans les boîtes de nuit voir dans les bordels.
📌 Surnommé « le shérif » pour son style et son incorruptibilité, il avait enquêté sur 1500 affaires de droit commun en 6 ans, dont celles impliquant le Service d’action civique (SAC) et dernièrement celles du Gang des Lyonnais. Sa détermination et ses méthodes lui avaient valu de nombreuses rancunes dans la pègre et il avait reçu plusieurs menaces de mort.
📌 La rumeur voulait que certains braquages effectués par le Gang des Lyonnais aient servi à financer les campagnes de certains politiques. Celui de l’Hôtel des postes de Strasbourg (1971) avait par exemple rapporté la coquette somme de 12 millions d’euros. Le principal suspect issu du gang des Lyonnais – Jean Pierre Marin – n’aura pas l’occasion de parler puisqu’il sera criblé de balles lors de son interpellation le 9 mars 1976.
📌 Malgré les enquêtes, aucun coupable n’a été formellement identifié. Après dix-sept années ayant vu se succéder six juges d’instruction, une ordonnance de non-lieu a finalement été signée le 17 septembre 1992. Le crime est prescrit depuis 2004 mais le fils du juge estime quant à lui que son père a été victime d’une décision politique. Il continue le travail d’enquête et de médiatisation au nom de la vérité.
📌 L’affaire est si sensible qu’Olivier Marchal a évité de la faire paraître dans son film ‘Les Lyonnais‘ (2011) qui revient pourtant sur la vie des membres du Gang des Lyonnais après leur arrestation de décembre 1974. Un documentaire co-réalisée par son fils a été diffusé sur France 3 en juillet 2015 : « Le juge Renaud : un homme à abattre ».
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📍 Plaque commémorative – Salle des pas perdus du Palais de Justice, 67 rue Servient, 69005 Lyon.
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👉 La BD « Le juge, la République assassinée » d’Olivier Berlion (Dargaud) retrace l’histoire du juge Renaud en 3 tomes.
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© ExploraLyon – Le jeu de piste sur l’histoire de Lyon
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