La Brabançonne écrite par un lyonnais ?
Le 23 septembre 1897 est inauguré à Bruxelles un monument dédié à l’acteur et poète français Jenneval (né à Lyon le 20 janvier 1801). Mais comment notre lyonnais d’origine a-t-il obtenu cette reconnaissance nationale de la Belgique ?
📌 De son vrai nom Louis Alexandre Dechet, c’est comme acteur de théâtre qu’il avait pris le nom de scène de Jenneval. Après des débuts dans le sud de la France, il avait rejoint la Comédie-Française à Paris en 1828 et avait participé fin juillet 1830 au renversement de Charles X au profit de Louis-Philippe d’Orléans.
📌 Les provinces belges et néerlandaises étaient réunies en un seul Etat depuis la défaite de Waterloo et le Congrès de Vienne de 1815. Mais la domination du Prince d’Orange Guillaume 1er était mal vécue par les Belges et la révolution française de 1830 leur donna des idées d’indépendance. Profitant de ce que beaucoup de troupes hollandaises étaient en Indonésie, les Belges commencèrent à se soulever fin août 1830.
📌 Solidaire du peuple belge et porté par l’élan révolutionnaire initié en France, Jenneval s’était alors engagé comme artiste au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles avant de s’inscrire comme membre de la Garde Urbaine de la ville.
📌 C’est à cette époque qu’il a rédigé la Brabançonne. Le futur hymne national belge aurait été écrit au café « À l’aigle d’or » rue de la Fourche avant d’être mise en musique par le chanteur d’opéra François Van Campenhout (1779-1848). Les paroles originales ont été remaniées trois fois par Jenneval pour gagner en virulence contre le prince d’Orange à mesure que la violence du conflit pour l’indépendance augmentait.
📌 L’indépendance est proclamée par le gouvernement provisoire de Belgique le 4 octobre 1830 alors que les combats contre le roi des Pays-Bas Guillaume Ier ne sont pas encore terminés.
📌 Jenneval participe à la prise de la ville de Lierre le 19 octobre 1830 quand un obus tiré depuis le camp hollandais vient le décapiter…
📌 Léopold 1er – premier roi des Belges – arrivera à s’imposer face au Prince d’Orange quelques semaines plus tard avec l’aide militaire de la France. Le traité des XXVII articles signé lors de la conférence de Londres du 15 novembre 1831 actera la séparation entre les Pays-Bas et la Belgique.
📌 Le monument érigé 1897 place des martyrs au cœur de Bruxelles rend donc honneur à notre acteur de théâtre d’origine lyonnaise qui a donné sa vie pour l’indépendance de la Belgique en plus de lui donner son premier hymne national.
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✍️ Écrite en français, la Brabançonne a depuis été traduite en néerlandais et allemand. Elle a été largement réécrite (adoucie) en 1860 sur ordre du chef de gouvernement Charles Rogier (1800-1885) :
🎵 Trop généreuse en sa colère,
La Belgique vengeant ses droits
D’un Roi, qu’elle appelait son père,
N’implorait que de justes lois,
Mais lui dans sa fureur étrange
Par le canon que son fils a pointé
Au sang belge a noyé l’orange
Sous l’arbre de la liberté !
🎵 Fiers Brabançons peuple de braves,
Qu’on voit combattre sans fléchir,
Du sceptre honteux des bataves
Tes balles sauront t’affranchir.
Sur Bruxelles, aux pieds de l’archange
Son Saint Drapeau pour jamais est planté
Et fier de verdir sans l’orange,
Croît l’arbre de la liberté.
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© ExploraLyon – Le jeu de piste sur l’Histoire de Lyon
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