Justice sociale
Le 8 septembre 1853, est décédé Frédéric Ozanam – ancien professeur à la Sorbonne et avocat lyonnais, fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.
📌 Né le 23 avril 1813 à Milan dans une famille catholique pratiquante, Frédéric Ozanam avait grandi à Lyon et commencé sa scolarité au Collège royal de Lyon. Il avait ensuite fait des études des droit à la Sorbonne à Paris – hébergé un temps chez le physicien André-Marie Ampère – avant de devenir professeur dans cette prestigieuse Université.
📌 Dans la capitale, il avait découvert le rationalisme et l’anticléricalisme du monde universitaire et rencontré dans le même temps des personnalités comme Chateaubriand – auteur du “Génie du christianisme” – et les fondateurs du catholicisme libéral Lamennais, Lacordaire et Montalembert.
📌 Dans un début de siècle marqué par des changements de régimes politiques et par les débuts de la révolution industrielle, des milliers de ruraux venaient dans les grandes villes comme Paris ou Lyon pour chercher du travail mais ils rencontraient souvent la misère et l’insalubrité. En effet, le droit du travail était inexistant jusqu’en 1848 : la loi Le Chapelier de Juin 1791 avait interdit les corporations et le Code civil de 1804 considérait le contrat de travail comme le fruit d’une discussion libre entre parties égales.
📌 Choqué par la première révolte des canuts (fin 1831) et par la pauvreté rencontrée à Paris, notre professeur avait alors créé la Conférence de Saint Vincent-de-Paul avec six autres étudiants le 23 avril 1833. Cette société de charité s’était donné pour mission d’inciter à l’engagement caritatif des laïcs : visite des plus pauvres, distribution de vivres, soupes populaires, alphabétisation… Elle avait rencontré un grand succès et essaimé dans plusieurs villes en France et à l’étranger.
📌 Frédéric Ozanam s’était installé à Paris après avoir épousé Amélie Soulacroix, fille du recteur de l’Académie de Lyon, à l’église Saint-Nizier le 23 juin 1841 mais il revenait régulièrement à Lyon. Il avait exercé comme professeur de droit commercial à Lyon à partir de 1839 et en avait profité pour développer des notions concernant le droit social à venir : retraite, invalidité, juste prix du salaire… Il avait ensuite exercé comme professeur de littérature étrangère à la Sorbonne à partir de 1844.
📌 A la chute de Louis-Philippe en 1848, il avait invité à passer « du camp des rois, des hommes d’État de 1815, pour aller au peuple ». Deux mois après la proclamation de la IIème République, il avait porté son engagement social dans le journalisme en participant à la fondation du quotidien L’Ère nouvelle : enquêtes sur la classe ouvrière, revendications en faveur du droit au travail, comptes rendus de l’activité des sociétés ouvrières…
📌 Malade, il s’était retiré de l’enseignement en 1852 avant de décéder d’une tuberculose rénale le 8 septembre 1853 à seulement 40 ans. Son œuvre lui a survécu puisque l’Association Saint-Vincent-de-Paul compte aujourd’hui 800 000 bénévoles dans 45 000 groupes (appelés ‘Conférences’) présents dans 150 pays.
📌 Pionnier du catholicisme social et précurseur de la doctrine sociale de l’Église – développée a posteriori par le pape Léon XIII dans l’encyclique “Rerum novarum” (1891) – Frédéric Ozanam a été béatifié pape Jean-Paul II le 22 août 1997.
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💬 « Je voudrais enserrer le monde entier dans un réseau de charité. » Frédéric Ozanam
💬 « La question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous n’est ni une question de personnes, ni une question de formes politiques, c’est une question sociale. C’est de savoir qui l’emportera de l’esprit d’égoïsme ou de l’esprit de sacrifice ; si la société ne sera qu’une grande exploitation au profit des plus forts ou une consécration de chacun au service de tous. Il y a beaucoup d’hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore ; il y en a beaucoup plus d’autres qui n’ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne rien. Entre ces deux classes d’hommes, une lutte se prépare et elle menace d’être terrible : d’un côté la puissance de l’or, de l’autre la puissance du désespoir. »
Frédéric Ozanam, 5 novembre 1836
💬 « Nous sommes punis, catholiques, d’avoir mis plus de confiance dans le génie de nos grands hommes que dans la puissance de notre Dieu. […] C’est plus haut que nous devons chercher notre secours ; ce n’est point un bâton fragile qu’il nous faut pour traverser la terre ; ce sont des ailes : la foi et la charité. Il faut remplir ces places qui sont devenues vides. » Lettre de Frédéric Ozanam
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📍 Rue Ozanam, 69001 Lyon
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© ExploraLyon – Le jeu de piste sur l’Histoire de Lyon
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